De l’universalité au découplage
La crise liée à la pandémie de Covid-19 a non seulement bouleversé nos modes de vie, mais elle a également provoqué une mutation profonde des systèmes économiques mondiaux. C’est la dimension universelle de la situation qui l’a permis. Sans cette universalité, les monnaies des pays touchés auraient souffert par rapport à celles des pays épargnés. De fait, les banques centrales du monde entier ont réagi avec une ampleur et une rapidité sans précédent.
Pour soutenir l’économie et prévenir une déflation généralisée, elles ont mis en œuvre des politiques monétaires ultra-accommodantes : baisses drastiques des taux directeurs, programmes d’achats d’actifs, lignes de financement d’urgence.
Ces politiques exceptionnelles ont eu des conséquences multiples et complexes : hausse de l’inflation, augmentation de la dette publique, déséquilibres favorisant les bulles financières. Nous avons constaté à ce stade que la Chine, par sa gouvernance et le vieillissement de sa population, n’a pas vécu ces conséquences en l’état. Découplage de la Chine.
L’année 2024 est celle de l’atterrissage des politiques Covid. L’Europe montre à son tour les signes de faiblesse les plus importants. Le consommateur américain fait preuve d’une résilience à l’inflation beaucoup plus importante. Découplage de l’Europe.
Les États-Unis sortent en leader renforcé de cette séquence monétaire qui, sans être structurelle, aura fortement marqué l’ordre économique mondial et les guerres commerciales qui s’y déroulent.
Contrairement aux États-Unis, l’atterrissage des taux est bien moins doux en Europe, avec une tendance baissière désormais établie.